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STRESS : je me sens sous pression

« Celui qui a une montre n’a pas le temps » (dicton africain)
« Celui qui a une montre n’a pas le temps » (dicton africain)

Note : Cette belle photographie, est de l’artiste français Vincent Bousserez

Stress : je suis sous pression

Le titre est plutôt  intimiste, n’est ce pas ?  Il m’a été soufflé par Google. En effet, celui-ci m’a – très aimablement – démontré que personne ne chercherait sur le web, mon titre initial : « L’être humain sous pression« . Il avait pourtant plus de gueule. Vous en conviendrez.

Bref, je m’incline. Néanmoins, l’anecdote est instructive. Les internautes par leurs pratiques modèlent Google et celui-ci, exerce également une influence sur les producteurs de contenu, comme les blogueurs. Ceci découle de la Loi, fort simple : « sur internet, on écrit pour être lu » ! Cette relation d’influence réciproque entre les humains et la technologie est fascinante. Je veux ici, l’analyser en la rapportant à l’accélération de notre mode de vie.

Humain sous pression

Tout va plus vite. Nous pourrions mentionner, pèle mêle et sans chercher l’exhaustivité : l’ére du Fast food, du speed-dating, du bombardement d’infos continues, des twitt, retwitt et du célèbre Facebook (formidable outil qui permet à la fois d’admirer les photos de sa ravissante collègue en maillot de bain, de faire éclore des révolutions et d’organiser des apéros géants. Sans doute pour inviter la charmante collègue, ou  fêter les révolutions).

Je sais de quoi je parle. Je suis de la génération Y.[1] Le « Digital native » que l’on m’appelle. Vous savez cette génération qui veut tout, tout de suite. Et qui n’aime pas être contredite. Mais mise à part cette exécrable insoumission à l’autorité, les nouvelles technologies ont d’autres répercussions. Ainsi elles demandent – aux différentes générations – une  réactivité, sans précédent. En plus de notre travail, nous sommes amenés à gérer, en moyenne, une trentaine de mails et autant de problématiques chaque jour.[2] Ne pas répondre à une demande faite par mail la veille, devient à notre époque extrêmement malvenu. Le téléphone portable, quant à lui, permet et exige, une disponibilité constante La sollicitation est immédiate. Le traitement se doit d’être instantané.

Bienvenue dans la culture de l’urgence

Nous assistons dans le même temps à un accroissement de la quantité d’information, à une info de plus en plus complexe et à une diminution de son temps de traitement. La littérature scientifique solde notre compte : la surcharge informationnelle nous conduit à une surcharge cognitive. [3]

Bref, l’accélération de notre mode de vie, conduit à une mise sous tension permanente de l’être humain. Ainsi, une étude canadienne, citée en 2006 par la psychologue, Marie-Odile Lamarche, explique que l’être humain est programmé pour résister à 5 voir 7 sources de stress par semaine. Or, il en subit en moyenne… 50 par jour. Selon, le CREDOC, le nombre de personnes stressées a doublé en 10 ans.

Nos béquilles chimiques

Nous avions vu dans cet article « Stress : Pourquoi sommes-nous si vulnérables ? [Le paradoxe] » que nous anesthésions notre mal être, à coup d’anxiolytiques, d’antidépresseurs et autres tranquillisants. Pour s’adapter à une société hyper-moderne aux exigences d’hyper-performance et d’hyper-consommation, certains ont recours aux petites pilules pour booster… non pas ça enfin… plus haut… pour booster le cerveau. Ce que l’on appelle les psychostimulants. Histoire de tenir le coup et de parachever son hyper-moi. Mais des psychostimulants, ne faites pas les innocents, vous en consommez aussi.


Le café par pheneu_et_meleu

Un petit café ?

Le thé et surtout le café sont les psychostimulants les plus bus au monde. La consommation de café a considérablement augmenté au cours des 20 dernières années. Aujourd’hui, 90% d’entre nous en buvons régulièrement. Mais ça c’est le moyen classique pour socialiser et travailler la journée. Maintenant, il y a mieux, il y a plus stimulant, il y a les boissons énergisantes. (Presque un slogan !) Red Bull et compagnies… Pour se requinquer, on peut les boire la journée et pour passer une soirée hyper-fun, on les mêle à l’alcool. Mais  toutes ces béquilles chimiques ne résolvent pas le problème. Les cas d’épuisement professionnel ou Burnout, ont de beaux jours devant eux.

Dans notre univers de haute technologie, cette course au temps ne se fait pas en pleine nature. Elle n’a pas de départ et d’arrivée. Elle se déroule sur un tapis roulant. Il ne s’agit pas d’aller plus loin mais de tenir le rythme, histoire de ne pas se faire éjecter.

« Alice demande alors : Mais, Reine Rouge, c’est étrange, nous courons vite et le paysage autour de nous ne change pas ?  Et la reine répondit : Nous courons pour rester à la même place. » Lewis Carroll, De l’autre côté du miroir, la suite d’Alice au pays des merveilles.

NB : En relisant mon article, je m’aperçois que le tableau dépeint n’est pas des plus joyeux. Mais je crois qu’il montre surtout que vous n’êtes pas seul(e) dans cette situation. Dans une société qui cultive l’apparence, nous pouvons rapidement nous sentir plus fragiles que les autres et nous en vouloir pour cela. Cette culpabilisation vient alimenter un cercle vicieux de souffrances. Je pense qu’il est essentiel d’appréhender – sans fard – la situation globale. Dans d’autres articles, je me chargerai de vous montrer, les voies qui permettent d’aller vers un véritable bien être.

En attendant, je vous propose une conférence amusante et particulièrement intéressante, que j’ai découverte en faisant des recherches sur l’essor d’un mouvement en réaction : le slow time. Le journaliste et écrivain Carl Honore, vous explique ici ses alternatives pour vivre moins vite mais vivre  mieux. Ou comment ralentir, pour ne plus manquer de temps !


[1] Le terme génération Y s’applique aux personnes nées entre 1980 et 1996.

[2]http://www.journaldunet.com/ebusiness/crm-marketing/en-chiffres/comment-les-europeens-utilisent-l-e-mail/une-trentaine-de-nouveaux-e-mails-par-jour.shtml

[3] Surcharge informationnelle, urgence et TIC.  L’effet temporel des technologies de l’information. http://halshs.archives-ouvertes.fr/docs/00/15/51/19/PDF/HIM_A.pdf

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Stress : Pourquoi sommes-nous si vulnérables ? [Le paradoxe]

Nos conditions de vie se sont profondément améliorées au cours des siècles. Bien que la crise ait tendance à nous le faire oublier ; à l’heure actuelle, nous bénéficions d’un niveau de vie moyen, sans précédent, dans l’histoire de l’humanité. Très bien.

Il n’empêche que le niveau de vie, si cher aux économistes, renvoie seulement  à la quantité et la qualité des biens que l’on peut s’approprier. Ce qui, vous le conviendrez, est très différent de la qualité de vie. Et c’est là que le bas blesse. En effet, si le niveau de vie moyen s’améliore, la qualité de vie pourrait bien, quant à elle, se détériorer. La surconsommation actuelle d’anxiolytiques, d’hypnotiques et d’antidépresseurs en témoigne. La quantité d’anti-dépresseurs vendus par habitant, a doublé rien qu’entre 1990 et 2003.[2] Ce phénomène est un des témoins d’un réel mal-être de la population. Par ailleurs, à peine connu, il y a 50 ans, le stress est dorénavant sur toutes les lèvres. Certaines études cliniques révèlent que près de trois quart des consultations chez un médecin sont motivées par le stress.

Vous avez dit paradoxal ?

Alors que nous bénéficions pour la plupart, d’un confort matériel plus élevé que ceux de nos parents, nous révélons dans le même temps, une réelle fragilité. Le  confort nous rendrait donc plus fragile ?! Cette conclusion est rapide et superficielle. En effet, comme je l’analysais dans cet article sur les systèmes de motivation, notre activité professionnelle et notre mode de vie général se sont radicalement modifiés. Il apparaît, certes, une diminution de la pénibilité physique mais aussi une augmentation de la pénibilité psychique. A un monde essentiellement agricole puis, avec la révolution industrielle, majoritairement ouvrier, se succède l’essor du secteur tertiaire.

De manière quelque peu simpliste, nous pourrions dire que l’agriculteur du 19ième siècle, laboure, sème et récolte que ce soit sous une pluie battante ou un soleil de plomb. L’ouvrier du début du 20 ième siècle, visse à un rythme effréné ses écrous, respectant ainsi la rigoureuse Organisation Scientifique du Travail. Le consultant ou le conseiller commercial du 21 ième siècle doit, soumis à la pression des objectifs, essuyer des refus, persévérer, convaincre, et séduire son client. L’hotesse de l’air se doit de calmer et rassurer les passagers, montrer une attitude chaleureuse et bienveillante même à l’égard des plus désagréables… Aujourd’hui, une majorité de métiers comporte une importante composante relationnelle.

Ainsi les exigences physiques se sont réduites mais les exigences cognitives (activités intellectuelles) et émotionnelles (activités relationnelles) explosent. Point amusant, c’est justement l’activité physique qui permet de consommer les toxines du stress et donc d’en annihiler les effets nocifs. Alors que le stress, source d’anxiété, perturbe nos compétences intellectuelles et relationnelles.

Parallèlement à cette transformation du travail, nous pouvons identifier avec le Dr Philippe Rodet du cercle stress-info, 3 grands facteurs qui expliquent notre vulnérabilité actuelle au stress.  (Je développerai les deux premiers points dans des articles spécifiques).

  • Une augmentation du nombre de sources de stress.

Stress : Pourquoi sommes-nous vulnérables ? [L’accélération du mode de vie] => Publication : Mercredi

  • Une diminution des facteurs de protection.

Fin de semaine prochaine, la suite de notre dossier : Stress : Pourquoi sommes-nous vulnérables ? [Les transformations du lien social] etStress : Pourquoi sommes-nous vulnérables ? [Le vide existentiel]

  • Un mode de vie, en termes d’alimentation et d’activité physique, inadapté.

Concluons cet article sur l’alimentation et l’activité physique, sources de santé et de bien être. Mais cela vous le saviez déjà. Revenons simplement à la réalité biologique. La fonction essentielle du système nerveux est de permettre à un organisme d’agir sur son environnement. Ceci afin d’assurer son intégrité physique, sa survie.  Ce qu’expliquait très bien, l’éminent neurobiologiste français, Henri Laborit. Le corps humain est ainsi conçu pour le mouvement. Mais nous avons adopté un mode de vie sédentaire. Paradoxe, lorsque tu nous tiens… Différentes recherches révèlent ainsi que pour la majorité, nous ne faisons pas assez d’activités physiques par jour.

Pourtant, l’activité physique n’a pas que des effets positifs que sur la silhouette. Elle permet de consommer certaines toxines libérées en cas de stress et conduit ensuite à une meilleure détente. Elle n’a pas besoin d’être intensive. Ainsi, il est démontré que la marche, permet déjà de réduire de manière significative le stress. L’important – comme toute chose – est de pratiquer régulièrement. Les effets conduisent également à une réduction de l’apparition de maladies notamment cardiovasculaires. On note une amélioration de l’humeur, du bien être général et de l’espérance de vie ! [3]

Quant à l’alimentation, les nutritionnistes et médecins conseillent de consommer des aliments riches en anti-oxydants naturels : huile d’olive, carotte, avocat, pamplemousse… Mais je dois reconnaître que je ne suis pas un spécialiste de la nutrition. Et ce n’est pas la politique de la maison de vendre du « 5 fruits et légumes par jour » sans avoir de solides connaissances sur le sujet… Aussi sur ce point, je vous laisse  le soin de vous documenter sur les sites spécialisés !

Je souhaite remercier Elodie Bourdu (ma soeur :) ), de me permettre d’utiliser ces très belles photographies. Vous pouvez retrouver l’ensemble de ses créations : ici

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[1] http://www.voir.ca/publishing/article.aspx?article=37566&s

[2] Chiffres de l’Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies. http://www.ofdt.fr/BDD/seristat/00024.htm

[3] http://www.cflri.ca/pdf/f/dr9507.pdf

Le stress, comment l’appréhender ?

Il y a peu, un ami sportif m’expliquait qu’il constatait généralement une amélioration de ses performances lors des jours de finale. Cet ami connait bien mon intérêt pour la motivation et les mécanismes du stress et son « constat » se voulait un brin provocateur. En effet, nous discutions du  stress positif et du stress négatif. Concepts, que je réfute.

Si je comprends la volonté de simplifier le phénomène du stress, il ne m’apparait pas approprié de le faire ainsi. En effet, on utilise ici notre tendance à séparer les objets ou les gens en termes de « bon » ou « mauvais ». La réalité est bien plus simple ainsi. Les studios d’Hollywood exploitent abondamment ce principe dans leurs superproductions. Ces films comprennent une poignée de « gentils » qui doivent combattre plein de « méchants » pour sauver le monde. Le scénario est facilement compréhensible. On peut alors se concentrer et profiter pleinement de l’action. Et ça peut être réellement distrayant.

Seulement le stress, ce n’est pas de la fiction.

Il est dommageable de vouloir « marketer » le stress de la même manière. Lorsque je lis un article sur un tel sujet, c’est pour m’informer et non, me divertir. La validité de l’information m’importe. Comme j’ai le sentiment, que cela peut aussi être votre cas, prenons le temps de rectifier certaines idées reçues.

Qu’est-ce que le stress ?

Il n’existe pas, d’une part, un stress « positif » et de l’autre, un stress « négatif ». Le stress est un phénomène unique. Hans Selye, un des premiers chercheurs à l’origine du concept, définit le stress comme « la réponse non spécifique que donne le corps à toute demande qui lui est faite ». Ainsi le stress n’est pas bon ou mauvais en soi. Il correspondà la réaction naturelle de notre corps pour s’adapter à un stimulus, un danger ou encore n’importe quelle « demande » du monde extérieur. Cette réaction de l’organisme, à des stimulations pourtant différentes, se fait par la libération de substances identiques (la réponse est « non spécifique »).  Il peut ainsi être indifféremment produit par une injection de substances toxiques (source d’origine chimique), au bruit, à la vitesse, au froid (sources d’origine physique) ou encore à la perception d’un danger imminent, un avenir incertain, des tensions familiales, au travail… (sources d’origine psychique). Il est intéressant de garder à l’esprit cette définition générale parce qu’elle met en évidence, le fait que ce soit une réaction naturelle de l’organisme.

La définition, plus restrictive, de l’Agence Européenne pour la Sécurité et la Santé au travail précise qu’un « état de stress survient lorsqu’il y a déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes que lui impose son environnement et la perception qu’elle a de ses propres ressources pour y faire face ». Cette définition met l’accent sur la perception, la représentation d’un déséquilibre ressources/contraintes. L’être humain stresse lorsqu’il est confronté à une situation à laquelle il pense ne pas être capable de faire face.

La première définition du stress de 1936 n’appose pas de connotation au mécanisme de stress : c’est une réponse de notre corps. Hans Selye a remarqué que cette réponse pouvait provoquer des lésions, par exemple chez des souris malmenées. Par ailleurs, ces mêmes réactions de stress ont permis à l’Homme de survivre face aux menaces du monde extérieur.  La seconde définition datée des années 2000 est connotée plus négativement ; cet état provient de la perception d’un déséquilibre. Elle précise que le stress « affecte également la santé physique, le bien être et la productivité de la personne qui y est soumise. » Alors pourquoi parle t’on de stress positif ?

Le lien entre stress et performance

Plus qu’une simplification erronée de la réalité, ce qui me gène dans le terme de stress positif, c’est l’utilisation qui en est faite. Effectivement, nous avons vu que la réaction de stress existe parce qu’elle est avant tout utile aux organismes vivants. Elle permet la mobilisation de nos ressources biologiques ( augmentation du taux de sucre dans le sang, amélioration du débit sanguin, sang enrichi en oxygène..).

Mais appréhender le stress de manière manichéenne a conduit certains consultants trop zélés à fournir aux entreprises des réponses simples, séduisantes et fausses ! Selon eux, à doses modérées, le stress est bon pour la performance. Ainsi lors d’une récente table ronde, une dirigeante d’une PME expliquait en parlant de ses salariés : « Je dois les stresser, pour obtenir des résultats ».   Le contexte de cette  discussion ? Une récente table ronde qui se déroulait autour du thème de la motivation des équipes. Effectivement, si l’on remplace le terme  « stresser» par « motiver », alors, la phrase prend sens : « Je dois les motiver, pour obtenir des résultats ». Mais que vient faire un pareil amalgame entre motivation et stress ? Si nous estimons encore que le stress peut être générateur de performance, le management par le stress – malgré ses effets destructeurs – dispose malheureusement de beaux jours devant lui.

Qu’en disent les spécialistes ?

Terminons par une étude remarquable de Colette Richard et du professeur Eric Gosselin[1]. Ils ont analysé 52 études indépendantes (de 1980 à 2006), consacrées au lien entre le stress et la performance. Les résultats portent un sérieux coup à la croyance d’un « stress optimal ». En effet, la relation curvilinéaire entre le stress et la performance, du type : la performance augmente avec un peu de stress et diminue s’il y en a trop est valable… dans 10% des cas.

Dans 15 % des situations observées, le stress n’a pas d’incidence significative.

En revanche, dans 75 % des cas, les chercheurs observent que dès que le stress augmente, la performance diminue ! Par ailleurs, une autre étude sino-américaine[2] a montré qu’un gain de sérénité améliorait sensiblement les performances intellectuelles.

[L’article étant un peu long, vous pourrez lire la réponse à mon ami, à la fin du dossier consacré au stress]

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[1] Eric Gosselin est professeur de psychologie du travail au Département de relations industrielles à l’Université du Québec en Outaouais.

[2] Institute of Neuroinformatics and Laboratory for Body and Mind at Dalian University of Technology de Dalian (Chine) et laboratoire de Psychologie de l’université de l’Oregon